Écrit par Lorianne Lavoie, Dt.P.
Chez les personnes actives, il est possible de percevoir la nourriture comme le carburant qui propulse notre corps, notre machine. Nos choix alimentaires viendront alors impacter l’énergie disponible, nos performances, ainsi que notre récupération. Il arrive tout de même que, pour différentes raisons, les quantités d’aliments consommées ne supportent pas notre dépense énergétique. Autrement dit, nos apports ne comblent pas nos besoins. Le fait de ne pas manger en quantité suffisante, surtout dans un contexte d’entraînement, peut avoir de sérieux impacts et ce, à différents niveaux. Mais comment savoir si nous sommes à risque?
Qu’est-ce que le déficit énergétique relatif dans le sport (DER-S)?
Tout d’abord, afin de comprendre le déficit énergétique relatif dans le sport (DER-S), il est possible d’imaginer une balance. Au centre, nous avons notre corps, avec ses besoins énergétiques qui sont majoritairement déterminés par le métabolisme basal et le niveau d’activité physique. D’un côté, nous avons les apports, soit tout ce qui entre dans notre corps et de l’autre, nous avons la dépense énergétique, soit tout ce que l’on utilise comme énergie. Le but est de maintenir la balance en équilibre afin que les apports supportent la dépense énergétique. S’il y a un déséquilibre, c’est à ce moment que l’on parle de déficit énergétique. Toutes les personnes actives, hommes et femmes, sont à risque de DER-S. Ce risque est augmenté lorsqu’il est question de pratique sportive de haut niveau, de sports d’endurance et de sports d’esthétique.
Quels sont les signes?
Certains signes physiques et psychologiques peuvent nous mettre la puce à l’oreille quant à un possible DER-S. En voici quelques uns :
- Aménorrhée (absence de cycle menstruel)
- Hypothermie
- Fractures de stress
- Perte de poids significative
- Troubles gastro-intestinaux
- Crampes musculaires, faiblesse et/ou fatigue
- Anxiété/dépression
- Difficulté à se concentrer
- Préoccupation excessive par rapport au poids et à l’alimentation
Comment cela peut affecter la santé et les performances?
Au niveau de la santé, le fait de se retrouver en déficit énergétique dans un contexte d’entrainement peut avoir un impact sur plusieurs systèmes, notamment au niveau du système endocrinien et du système osseux. Cette relation est connue comme la triade de l’athlète féminine. Cela se produit lorsque la production d’oestrogène est diminuée, allant jusqu’à provoquer l’arrêt du cycle menstruel, suite à des apports insuffisants et/ou une dépense énergétique trop importante. L’un des effets de la baisse d’œstrogène est la diminution de la densité minérale osseuse, ce qui fragilise les os. Le risque de fracture de stress est ainsi augmenté. De plus, l’état nutritionnel étant sous-optimal, la guérison de ces fractures se voit ralentie. Des effets du DER-S sont aussi observés autant chez les hommes et chez les femmes au niveau métabolique, cardiovasculaire, gastro-intestinal, immunologique et psychologique.
Au niveau des performances, le fait de présenter un DER-S diminuera la capacité de récupération et affectera la masse musculaire.
Que faire pour prévenir le DER-S?
Des stratégies peuvent être utilisées afin de prévenir le déficit énergétique relatif dans le sport et la préoccupation excessive à l’égard du poids. Voici quelques pistes de solution :
- Choisir des activités qui sont complémentaires à nos forces;
- S’entourer de gens qui ont notre bien-être à coeur;
- Apprécier nos capacités physiques;
- Ne pas se comparer aux modèles qui sont véhiculés dans les médias. Le poids idéal pour la performance est différent pour chacun;
- Être un modèle pour les autres par nos gestes et nos actions. Complimenter par rapport aux talents et à la personnalité, sans égard au poids;
- Consulter un/une nutritionniste qui peut établir des recommandations personnalisées pour viser une composition corporelle saine et l’optimisation des performances.
Le fait de viser un état nutritionnel optimal pour la pratique sportive, en comblant nos besoins via l’alimentation, permet donc mettre toutes les chances de notre côté afin de limiter les problématiques de santé et d’améliorer la performance.
Références
- Mountjoy, Margo, Jorunn Sundgot-Borgen, Louise Burke, Kathryn E. Ackerman, Cheri Blauwet, Naama Constantini, Constance Lebrun, et al. 2018. “International Olympic Committee (IOC) Consensus Statement on Relative Energy Deficiency in Sport (RED-S): 2018 Update.” International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism 28 (4): 316–31.
- Keay, Nicola, and Gavin Francis. 2019. “Infographic. Energy Availability: Concept, Control and Consequences in Relative Energy Deficiency in Sport (RED-S).” British Journal of Sports Medicine 53 (20): 1310–11.
- Statuta, Siobhan M., Irfan M. Asif, and Jonathan A. Drezner. 2017. “Relative Energy Deficiency in Sport (RED-S).” British Journal of Sports Medicine 51 (21): 1570–71.
- Relative Energy Deficiency in Sports (RED-S). https://www.brown.edu/campus-life/health/services/promotion/nutrition-eating-concerns-sports-nutrition/relative-energy-deficiency-sport-red-s. Page consultée le 18 octobre 2020.
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